mercredi 29 avril 2009

« Run, Runner ! »


En 2274, dans une ville abritée sous un grand dôme, vit une race d’hommes élevés par les ordinateurs, qui ne vivent que pour le plaisir. Hors de ce dôme, la Terre, oubliée.

Sous le dôme, les drogues hallucinogènes sont gratuites et légales, le sexe est une activité prisée et fortement encouragée chez les citoyens, et les besoins de chacun sont pris en charge par les machines. Cette ville du futur est un jardin d’Eden virtuel, un monde parfait de plaisir et d’amusement… L’utopie ultime !

Un seul problème : à l’âge de 30 ans, chaque citoyen est exécuté pour faire la place à la génération suivante. Bien sûr, les citoyens ne peuvent pas connaître cette vérité ; aussi, l’ordinateur les convainc que par le rituel fatal du Carrousel ils renaîtront pour de nouveau vivre 30 ans d’hédonisme.

Des sentinelles sont chargées de détruire quiconque tentera de fuir le Carrousel : les fuyards sont tracés par des cristaux implantés dans la paume de leurs mains gauches, qui renseignent l’âge du porteur selon leur couleur. L’âge de 30 ans atteint, le cristal clignote et alerte l’ordinateur qui envoie ses sentinelles.

Logan est une sentinelle chargée par l’ordinateur central de localiser le « Sanctuaire », lieu de refuge supposé des fuyards. Condamné à la fuite (l’ordinateur avance l’horloge de son cristal et lui révèle le mensonge du Carrousel avant de le chasser de la ville), il découvrira quelle troublante liberté l’attendait au dehors et quel esclavage se dissimulait sous le dôme.

L’Age de Cristal (Logan’s Run, Michael Anderson, 1976) décrit une dystopie à la fois décadente et résolument moderne : la société du divertissement assisté par la technologie. Dans cet âge de cristal, le quotidien n’est qu’une répétition de loisirs: la ville ressemble à un grand centre commercial, les drogues et la luxure sont des activités mondaines et le Circuit, Internet futuriste, est une plate-forme également liquidatrice du rapport social puisqu’elle ne sert qu’à mettre en relation des personnes en quête de sexe.

Dans ce tableau hyperbolique du monde contemporain, les niveaux se mêlent : critique sociale (banalisation du sexe, abandon du pouvoir au profit de l’ordinateur central, qui assure la subsistance, les loisirs et la cohésion sociale, complaisance dans une illusion fermée au monde extérieur), quête spirituelle (la fuite de Logan est une nouvelle naissance dès lors qu’il échappe des griffes de l’ordinateur-mère) et références mythiques (Logan est à la fois Adam, Moïse et Jésus, et le vieillard qu’il rencontre lors de sa fuite semble n’être autre que Dieu, abandonné par les hommes réfugiés sous le dôme).

Le long métrage stigmatise en particulier les modes de vie égoïstes et l’illusion généralisée qu’encourage notre dépendance à la technologie. Sous ce double augure, l’humanité devient dans l’Age de Cristal une société de grands enfants sans autorité rationnelle ni traditionnelle - sans figure du père face à la technologie-mère - à laquelle se référer, et dont la soumission aveugle à l’autorité et à la pression sociale ne sera conjurée que par une libération douloureuse des mensonges confortables dont est déguisé leur mode de vie.

La technologie, si elle est omniprésente dans l’Age de Cristal, n’y a rien de technique : elle est, comme de plus en plus aujourd’hui, contrôlée par les autorités sociales et fournie aux masses comme un loisir individualiste et oisif. L’insouciance n’y est en réalité qu’une illusion, un pansement pour l’angoisse et un esclavage insupportable à quiconque ouvre ses yeux au monde.

Un film 2.0 donc ?

2 commentaires:

Anonymous Anonymous a dit...

(Un avant-goût du Circuit ?)
http://www.bedposted.com/

6 mai 2009 à 07:12  
Anonymous Anonyme a dit...

http://www.bedposted.com/
excellent cette appli, c'est là que bachelot a trouvé son idée d'étude sur la santé des français!

12 mai 2009 à 08:59  

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