mardi 5 mai 2009

« Memory Gospel »


Californie, 2008. Suite à un attentat nucléaire, les États-Unis sont devenus un territoire hyper-sécurisé où s’opposent les forces gouvernementales et les guérilleros néo-marxistes.

Les deux factions sont manipulées par un scientifique fou dont l’entreprise exploite le « fluide karma », énergie étrange et hallucinogène dont l’utilisation en réponse à la crise pétrolière a ouvert une faille dans la quatrième dimension.

Deux hommes sont passés à travers cette faille et sont nés de nouveau : de la réconciliation de cette réalité schizophrène dépendra le déclenchement de l’Apocalypse.

Southland Tales est une histoire réticulaire d'apocalypse individuelle : pris dans un tourbillon pop, chaque personnage tente de réconcilier sa propre dualité, sous peine de ne jamais déjouer la fin du monde. Le film juxtapose les informations, superpose les couches et mêle les réalités dans le brouillard du « fluide karma » : chaque scène est une énigme, à l’esthétique rassurante mais au sens caché, portant en filigrane des réflexions sur le monde moderne (sexualité, contrôle de l’information, manipulation des pouvoirs et contre-pouvoirs, aliénation de l’individu) mais diffusant une atmosphère si paranoïaque que l’œuvre tout entière semble n’être qu’un fantasme sans réalité.

Dans Southland Tales, Internet se nomme USIdent : ce système d’identification et de communication à la solde d’un régime fasciste en guerre totale contre le terrorisme se charge de délivrer informations et distractions numériques au citoyen, dans une multitude de signes où se cachent parfois des vérités (et même des indices), mais toujours noyées dans un flot visuel constant.

Big Brother post-moderne, USIdent est une photographie mouvante d’un monde qui s’aliène et croule sous ses propres images : c’est en effet l’empilement d’informations dans le système informatique et dans l’esprit humain qui crée au final les conditions de leur apocalypse. Memory Gospel.

Un film 2.0, donc ?

2 commentaires:

Anonymous Mélodie H. a dit...

Un film tout sauf 2.0 : dans Southland Tales, les individus sont manipulés, soumis à un regard permanent, intériorisé et aboutissant à l'atmosphère paranoïaque dont tu parles.

Un film qu'Orwell ou Beckett aurait pu réaliser : délirant et réaliste, mais prêtant une toute puissance à l'Etat ou assimilé, qui est bien plus fantasmée que réelle.

6 mai 2009 à 03:04  
Anonymous Anonyme a dit...

Le problème rencontré lorsqu'on lit cette critique de film c'est qu'elle est tellement bien écrite (merci Ferrand), que cela nous fait oublier à quel point on a trouvé ce film ridicule et mal interprété par des acteurs pourtant triés sur le volet: un chanteur pop américain, une actrice de série pour ado demeurés "Buffy contre les vampires", un costaud avec des tatouages ...!

12 mai 2009 à 09:27  

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