mardi 12 mai 2009

« Chuck, we got a new kind of Screamer »


RepRap, ou la machine qui se réplique. Et qui bouleversera toute notion de production.

RepRap est une imprimante 3D (par dépôt précis de couches de plastique fondu) depuis peu capable de produire ses propres composants. Certes pas en totalité, mais les autres pièces sont peu chères et, si la fabrication d’une RepRap demande certaines connaissances en électronique et en informatique, son usage est à la portée d’un enfant puisqu’une interface informatique se charge de transmettre les modèles de fabrication à la machine.

Le dilemme éthique (plus commercial qu’éthique à vrai dire) que peut représenter une machine capable de se répliquer a été clairement résolu par les fabricants : les composants de RepRap ont été réduits au plus économique, la technologie est en open source et l’usage n’en connaîtra aucune restriction. Pour les créateurs, RepRap devait être gratuite parce que sa présence est virale et au service des communautés, qui gravissent grâce à elle « le premier barreau de l’échelle industrielle ».

RepRap pourra bientôt produire des pièces de métal, et se verra accompagnée d’une déchiqueteuse qui réduira le plastique en granules réutilisables : il sera ainsi possible, comme le décrit le créateur Adrian Bowyer, de recycler les chaussures d’un enfant dès qu’il grandit pour fabriquer une nouvelle paire à sa taille. De nombreuses applications sont probablement déjà développées et le meilleur est à venir, tant RepRap semble un point de départ idéal pour que les communautés défavorisées par la mondialisation développent enfin des solutions d’auto-subsistance réelles, un potentiel industriel durable et une autonomie technologique ouverte à l’innovation.

Mais à voir cette technologie libre d’accès, le rapport personnel à l’outil qu'elle instaure (on dit qu’il existe dans le monde une centaine de RepRap créées par des communautés), le goût de l’assemblage, de la combinaison, de l’expérimentation et de la réutilisation qu'il sous-entend, RepRap est une initiative tout aussi bienvenue pour les communautés occidentales post-modernes ayant épuisé tous les espaces publics, y compris celui du Web (avec une majuscule, comme Outil Omniscient de Divertissement), au point de vouloir aujourd’hui créer leurs propres réseaux balisés, où leurs lois s’appliquent, où leur vision s’accomplit et où le mauvais est recyclé pour créer du bon. C’est cet esprit de piratage des pseudo-réalités économiques par le bricolage libre qui sauvera les prisonniers du réseau. Ou échouera à les sauver.

Clairement, que cette innovation débouche à court terme sur une massification médiocre ou sur une récupération méthodique et spécialisée ne dépendra - comme toujours - que des utilisateurs, mais quoi qu'il en soit la RepRap reste un accessoire indispensable de l’aventurier post-apocalyptique. Ça et le recycle-pisse de Costner dans Waterworld.

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